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Jeûne et cancer du sein : qu’en disent les études scientifiques ?

Le jeûne est un outil très puissant pour rester en bonne santé et pour se sentir bien. 

Une pratique de santé très ancienne. 

Dès l’Antiquité, Hippocrate et Galien auraient déjà recommandé le jeûne pour rester en bonne santé longtemps. 

Le jeûne fait partie des pratiques religieuses, à la fois pour se rapprocher du divin (en aiguisant les sens), pour inviter à l’ascèse et à l’humilité, mais aussi pour rester en santé. Il a une fonction préventive et curative. 

Jeûne et cancer du sein

De plus en plus de chercheurs s’intéressent au jeûne. Les études scientifiques qu’ils publient amènent des éléments pour tenter de comprendre les bénéfices du jeûne sur la santé physique et mentale. Le sujet est passionnant. 

Des chercheurs italiens ont étudié les liens entre cancer du sein et jeûne. En 2020, ils ont publiés leurs résultats dans la prestigieuse revue Nature (1).

Ils montrent d’abord, chez la souris, que le jeûne (prolongé ou le Fasting-Mimicking Diet, un régime strict qui reproduit les effets du jeûne, mis au point pour la souris, qui ne peut être soumise à un jeûne prolongé) améliore l’effet de molécules anticancéreuses (tamoxifène et fulvestrant) en diminuant les taux d’hormone liées à la croissance (IGF1), d’insuline et de leptine dans le sang.

Qu’est ce que cela signifie ? 

L’IGF1 est une hormone dont la production est stimulée par l’hormone de croissance. Elle stimule la croissance des cellules, en leur indiquant qu’elles ont suffisamment de nutriments et qu’elles peuvent se diviser, et produire des protéines. 

L’insuline est sécrétée par le pancréas en réponse à l’élévation du taux glucose dans le sang. Elle est une hormone clé dans la régulation des glucides, des lipides et des protéines, en favorisant la croissance cellulaire et la synthèse de nouvelles molécules. 

La leptine est nommée l’hormone de la satiété. Elle intervient principalement au niveau des cellules adipeuses. Elle contribue à réguler la faim, en interagissant avec d’autres régulateurs énergétiques, tels que l’insuline et l’IGF1. 

Le jeûne contribue à faire diminuer les taux de ces hormones. Les cellules ne sont donc plus invitées à croître. Elles changent même de métabolisme. 

La combinaison du jeûne et des traitements

Les chercheurs observent que les molécules anticancéreuses deviennent plus efficaces, et même que les cellules qui résistaient aux traitements y redeviennent sensibles (les cellules résistantes au traitement se mettent à rapetisser).

Ils ont poursuivi leurs études chez 36 personnes atteintes de cancer du sein hormone-dépendant, soumises à 5 jours de régime mimant le jeûne par mois pendant 6 à 14 mois. Ils ont pu constaté que ce type de jeûne était sans danger. Ils ont observé les mêmes résultats que chez la souris : des cycles de jeûne ont entrainé des changements du métabolisme analogues à ceux observés chez la souris, en diminuant les taux d’insuline, de leptine et d’IGF1. De plus, la combinaison du jeûne et du traitement anticancéreux améliore les effets de ce dernier. 

Le jeûne améliore donc l’efficacité de certaines molécules cancéreuses utilisées dans le traitement du cancer du sein hormone-dépendant, en entraînant une réduction de la taille de tumeurs et en réduisant la résistance des cellules aux traitements. 

La plupart des personnes peuvent jeûner. Jeûner est en apparence très simple : il « suffit » d’arrêter de manger. Pas n’importe comment cependant. 

Pour aller plus loin, savoir pourquoi, quand et comment jeûner, voici une synthèse de recherches scientifiques, présentée en vidéos : “Jeûner : pourquoi ? quand ? comment ?

 

(1) Caffa et al., 2020, Nature 583(7817) : 620-624).

Illustration : extrait de Danaé, Gustav Klimt, 1907

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