Prendre soin de la Terre

La Terre Mère, l’Arbre Frère, l’Amour

Les peuples racines préservent leurs traditions, leurs connaissances et leur sagesse. Si diverses que soient ces traditions, elles ont toutes en commun un lien intime avec la Terre. 

A l’heure où l’on ne peut que constater que notre façon de vivre « moderne » est trop destructrice pour perdurer, leurs paroles peuvent nous aider à trouver l’inspiration pour créer un nouveau monde, pour restaurer notre lien avec la Terre, pour régénérer la nature et tout d’abord notre nature intérieure. 

Voici quelques extraits du livre « Paroles des peuples racines – Plaidoyer pour la Terre » (éditions Actes Sud, Domaine du Possible), Sabah Rahmani, dont je vous conseille vivement la lecture (lire aussi ici). Lisez et faire lire ces mots. Peut-être résonneront-ils suffisamment profondément pour que nous soyons assez nombreux pour amorcer un vrai changement et renouer avec le Sacré…

« La nature est en nous. Je suis de l’eau, tu es de l’eau, nous sommes de l’eau. Nous sommes de la terre, de l’air, nous sommes ce miracle pensant jubilatoire et responsable » comme le rappelle Pierre Rabhi dans la préface. 

Puissionsnous tous nous unir autour de ces valeurs. 

  • Le lien entre la femme et la Terre est une évidence :

« Si j’abuse de la Terre Mère, j’abuse aussi de la femme, parce que c’est la même chose (…) Nous n’abusons ainsi ni de la terre, ni de l’eau, ni du feu, ni de tous ces cadeaux que la Créateur nous a donnés ». (Peuple Déné, Canada). 

  • C’est un lien spirituel qui lie les humains à la nature.

« Car tout est vivant pour nous. Tout. Les oiseaux, les arbres, les rochers….Toute l’atmosphère. » « Il est très clair pour notre peuple que tout autour de nous a un esprit et perçoit ce que nous ressentons ». (Peuple Déné, Canada). « L’amour est très important. Lui seul peut faire que la forêt nous aime aussi. Quand vous êtes animé par l’amour, vous ne faites rien de violent aux autres, rien de mal. Non parce que je vous êtes généreux, mais parce que vous êtes amour » (Peuple Popora, Taïwan). 

« Si vous en prenez conscience, et seulement si vous en prenez vraiment conscience avec votre cœur, à ce moment-là, vous vous rendrez compte que vous faites partie d’un tout. Et là, vous direz : « La planète ne m’appartient pas, je suis dépendante d’elle. Je dépends de la Terre Mère. Je suis son enfant » (Peuple Maori, Nouvelle-Zélande)

« Tout ce qui existe sur nos terres est sacré : l’eau, les pierres, la terre, l’air, les arbres…Nous avons conscience des esprits de chaque matière. C’est une grâce infinie qui nous nourrit. » « Nous célébrons l’Amour. Car l’énergie de l’Amour ne nous appartient pas : elle appartient à la Mère de l’humanité et au Père de l’humanité. Nous célébrons l’Amour par des cérémonies anciennes, avec nos guérisseurs. C’est cela aimer. Nous soignons des maladies. C’est aussi cela aimer. Aimer la nature, c’est aussi savoir vire avec toutes les plantes médicinales et toute la vie qui nous entoure. C’est encore cela l’Amour. Et dans notre culture, les femmes et les mères sont les plus puissantes parce qu’elles ont beaucoup d’amour à donner. C’est aussi cela le pouvoir de l’Amour. » (Peuple Tukano, Colombie, Brésil)

« Nous savons, nous sentons, nous pensons, nous pensons et nous croyons que la Terre, l’univers, et tout ce qui forme le règne minéral, végétal et animal, ont une sensibilité et une capacité à communiquer. Ce sont des êtres vivants. Comme les humains, les plantes, les animaux et les minéraux ont des sentiments, ils peuvent ressentir de l’amour, de la tristesse, de la joie et de la douleur. Par conséquent, tous les êtres sont des êtres sensibles et vivants, avec une grande intelligence. (…) Tout a une vie. » « Dans notre vision du monde, les minéraux sont les os de la Terre Mère, le pétrole son sang, l’eau sa sueur et son liquide corporel, tandis que les arbres et tout ce qui pousse sur la croûte terrestre forment sa peau ». (Peuple Otomi, Mexique)

« Tous les peuples racines du monde, qu’ils soient en Afrique, en Asie, en Amérique ou en Europe, ont un instinct commun : la nature. Je crois que l’autochtone est le seul qui connaît vraiment, profondément, la valeur de la nature. Dans son milieu, il n’a besoin de rien. » (Peuple Touareg, Niger)

« Nous sommes les gens de la terre. Dans le monde mapuche, l’essentiel est d’apprendre à être Terre et à être Soi. Un être connecté à la terre. (…) Nous devons passer par ce chemin pour devenir une Personne. (…) Par Personne, nous entendons un véritable être humain, mentalement transformé, révolutionné. (…) Parce que notre savoir et notre sagesse sont en lien avec l’équilibre naturel et l’harmonie de l’être humain. » « En écoutant le vent, les animaux, les insectes, etc., on crée ainsi de belles pensées, alors que lorsque notre écoute est altérée par d’autres bruits, nous contaminons notre mental. Le silence fait partie de cette sagesse. » «  En vivant sur Terre, il est important de pouvoir harmoniser les espaces supérieurs. Nous parlons ainsi de nous équilibrer car nous ne sommes que de passe sur cette planète : pour nous, le concept de mort n’existe pas, nous sommes sur un chemin provisoire. C’est pour celles et ceux qui viennent après nous, que nous devons protéger l’équilibre de la Terre. Il est donc essentiel de prendre soin de la Terre comme elle prend soin de nous » « Je travaille avec la nature, je fais partie d’elle. Je suis nature ». (Peuple Mapuche, Chili).

« L’être humain est sur Terre pour vivre, protéger, aimer et chérir cette nature. Et puisque nous sommes censés être plus intelligents que le reste des êtres vivants, nous ne devrions pas abuser des autres êtres, ni utiliser notre intelligence en vue de détruire l’environnement. » (Peuple Massaï, Kenya). 

« Nous croyons tous en la Mère Nature, sans qui nous ne serions rien. La nature est un esprit et la forêt notre culture ». (Peuples Dayaks, Indonésie). 

« Notre peuple a une seule mission, un seul objectif : protéger la Terre Mère. Nous sommes faits pour cela. (…) Nous vouons cet amour à tout ce qui nous entoure. Cela fait partie de notre culture.» (Peuple Kogi, Colombie)

  • Le lien à l’arbre est immense pour tous. L’arbre est notre frère, et il est sacré. 

« Lorsque je suis aux côtés d’un arbre, je sens une affinité avec lui : comme un être vivant. Je sens l’énergie qu’il émet. Et parce que certaines essences d’arbres sont plus puissantes que d’autres, je voyage toujours avec un morceau de bois spécial pour être en connexion avec son énergie. Lorsque je le serre, je le ressens, comme si l’arbre était vivant près de moi et qu’il permettait de prolonger ce lien. Je l’aime beaucoup. » (Peuple Ashaninka, Pérou).

« Chez les Poporas, l’arbre est notre pied. Il est le moyen par lequel s’expriment les émotions, en particulier l’amour. L’arbre, c’est aussi la vie, son commencement. » (Peuple Popora, Taiwan)

Arbre monde

« L’arbre est un être vivant qui fait partie intégrante de l’homme : du berceau au tombeau, il est à son chevet. Sans arbre, il n’y a pas d’eau, parce qu’il la puise et la renvoie dans l’atmosphère pour réguler le cycle de l’eau. Sans lui, il n’y a pas d’oxygène non plus. (…) L’arbre est donc source de vie. (…) pour nous, l’arbre est notre autre être. Il vit ! Comme je vis moi aussi en lui. L’arbre est cette merveille de la vie qui représente aussi l’homme. On peut voir ses racines comme nos pieds qui s’enfoncent, les bras comme les branches de l’arbre qui s’élèvent, et les feuillages comme des cheveux qui couvrent toute l’humanité. Voilà le mystère de la vie….L’arbre est sacré ». (Peuple Tolinou, Bénin)

« Nous descendons des premières femmes et nous appartenons à la famille des arbres. (…) Car comme nous sommes les arbres, ils sont nous. » (Peuple Maori, Nouvelle-Zélande)

« Je communique avec les arbres et je sais quand la forêt ne va pas bien. Je le vois et je le sens. » (Peuple Sami, Finlande)

« (Les Touaregs) ont un tel respect de la nature qu’ils ne tolèrent jamais que des arbres, déjà présents à l’époque de leurs ancêtres, soient coupés. En plus d’être un repère du terroir d’attache, l’arbre est vivant, il est relié à la tribu d’un ancêtre parce que les nomades n’ont pas de villages. Même si vous ne connaissez pas un lieu, on vous dira que tel arbre est lié à telle tribu : on ne le touchera pas. » (Peuple Touareg, Niger). 

« Dans la culture kanake, l’arbre définit la force de l’être. D’ailleurs, avant que la médecine moderne n’arrive, à la naissance d’un enfant, on enterrait son cordon ombilical et on plantait un arbre par-dessus. Pour dire que cet arbre, c’est toi. » (Peuple Kanake, Nouvelle-Calédonie) 

« Les Mapuches ont une connexion très spéciale avec les arbres car nos grands-parents sont représentés par des arbres totems, des arbres sacrés. Le contact avec ces derniers est très important puisqu’ils nous relient à nos ancêtres. Cette connexion se fait de la terre au cosmos et nous relie à toute la nature. Dans nos forêts primaires, on trouve de nombreux arbres centenaires et millénaires. Il est donc très important de les protéger car nous communiquons avec ces arbres sacrés. Pour nous il n’y a pas de différence : les arbres sont nous et nous sommes eux» (Peuple Mapuche, Chili)

« De nombreuses espèces d’arbres, très importantes et précieuses à nos yeux, ont été détruites. Or les arbres sont des êtres vivants, ils ont le droit de vivre. Nous leur accordons de la valeur. C’est fondamental. Nous avons par exemple des arbres sacrés, avec lesquels se déroulent des rituels et des prières. » (Peuple Massaï, Kenya)

« (Nos ancêtres) considéraient que les arbres sont les frères des hommes, qu’ils font partie de notre famille. (…) Nos ancêtres nous ont appris que si les arbres disparaissaient nous disparaîtrions nous aussi. Ils nous ont conseillé de planter régulièrement des arbres. Dès que j’en ai l’occasion, j’en plante alors deux ou trois par semaine ou par mois. L’une de nos traditions consiste également à planter un arbre chaque fois qu’un enfant naît. (…) Ces arbres-là sont comme des référents, des repères généalogiques et historiques (…) on s’en sert pour parler des générations. (…) Tant qu’il y aura des arbres, il y aura des hommes ». (Peuple Huli, Papouasie-Nouvelle-Guinée)

« Arracher une feuille, pourquoi pas, car la feuille va tomber un jour, mais briser une branche, c’est la même chose que casser un doigt ! L’arbre ne parle pas, il sent. Il vit, il est notre semblable. Il vit tranquillement et il a des sentiments. Vous comprenez ? » (Peuple Kayapo, Brésil)

« Notre énergie prend ainsi sa source dans la forêt et il est de notre devoir de la protéger. Car plus nous protégeons la nature, plus la nature nous protège. (…) Nous vivons avec tous les êtres de la forêt. » « Savez-vous que les arbres sont nos frères, tels des êtres humains ? Ils parlent comme nous, leur sève est comme notre sang, l’eau circule en eux, leur tronc forment leur peau et ils ont un cœur. (…) Les arbres et les hommes sont tous des frères issus de la même Terre Mère ». (Peuple Pygmée, Gabon)

« Les Mbororos ont un lien direct direct avec la nature, ils savent comment la préserver. Ils respectent énormement les arbres, ils ne les coupent pas et ne les vendent pas pour faire des meubles. Ils n’utilisent que le bois mort pour faire le feu, car l’arbre est précieux à leurs yeux. » (Peuple Peul Mbororo, Cameroun) 

« Mon peuple ne comprend pas pourquoi les « petits frères » n’aiment pas les arbres, ni rien qui vienne de la Terre Mère. Alors que pour nous, les arbres sont très importants, ce sont des êtres vivants égaux aux êtres humains » (Peuple Kogi, Colombie). 

« Je plante car je suis comme la racine d’un arbre, d’un grand, très grand, très ancien arbre. La racine est primordiale, parce qu’elle vit à l’intérieure de la Terre Mère et que l’eau va sous la terre pour l’abreuver. (…) L’arbre est vivant comme vous et nous. Nous souffrons parce que nous, nous connaissons la valeur de chaque arbre. » (Peuple Kariri-Xoco, Brésil). 

  • Tous ces peuples s’unissent et agissent pour préserver la planète.

« Historiquement, c’est bien la première fois que l’humanité doit lutter pour sauver la Terre Mère ». (Peuple Ashaninka, Pérou). « Je pense qu’un jour nous pourrons également construire un pont entre indigènes et non-indigènes, même avec la barrière de la langue, car le cœur est le même. (…) en réalité, nous sommes tous des habitants de la Terre, un seul et même peuple, avec des modes de vie différents ». (Peuple Popora, Taïwan).

« Je dis à tous les habitants de la Terre que nous devons nous asseoir et discuter, nous devons nous dire : « Nous avons besoin de la nature comme la nature a besoin de nous ». L’argent ne fait pas que le bonheur. Le bonheur, c’est la Terre, elle est notre paradis. Alors ne mettez pas le feu au paradis ». (Peuple Tolinou, Bénin). 

« Nous portons la voix de la Vie et de notre engagement le plus important : honorer, soigner et sauver la Terre Mère. Il est vital de renouer avec elle, puisque nous mangeons les fruits de la terre, nous buvons l’eau des sources, nous respirons l’air du ciel : nous sommes faits de tout cela. Nous grandissons et nous vivons grâce à tous ces éléments qui nous façonnent. La nature est dans notre ADN ». (Peuple Maori, Nouvelle-Zélande)

« Tous les frères à l’international doivent comprendre : qui défend la vie de cette planète ? C’est nous ! » « Nous soutenir, c’est prendre conscience de ce qui se passe…amis de paix comme nous, vous qui réprouvez ces types de dévastations qui ont lieu au Brésil, rejoignez notre cause ! La violence augmente beaucoup avec la dévastation de l’Amazonie ! Nos peuples ne méritent pas ce genre de vie. Nous voulons être en paix pour vivre dans la joie. L’humanité doit comprendre cela.» (Peuple Tukano, Colombie, Brésil)

« Le message que nous aimerions également faire passer est que l’union est fondamentale : il faut s’organiser avec une conscience et une responsabilité universelles. (…). A travers cette conscience, il est temps que tous les êtres humains ouvrent leurs cœurs, dans tous les domaines » (Peuple Otomi, Mexique)

« Nous ne pourrons maintenir et obtenir la paix entre les êtres humains que si nous maintenons la paix avec la nature. Sinon, la colère de celle-ci se retournera contre nous et nous serons totalement détruits. Imaginez si nous coupions tous les arbres du monde : que se passerait-il ? » (Peuple Massaï, Kenya)

« Je pense également qu’il est important que les peuples indigènes se rencontrent et se rassemblent. Il est temps que nous organisions de grands échanges, pour que nous nous écoutions et que nous nous comprenions les uns les autres. (…) Il est important que tout le monde se réunisse. » (Peuple Kayapo, Brésil)

« L’eau est notre plus grande richesse à tous. Elle est primordiale ; sans elle, il n’y a ni vie, ni forêt. Il faut absolument préserver notre eau, prendre soin de notre environnement. C’est ce message que j’envoie au monde. Nous devons tous nous unir, nous respecter les uns les autres, respecter la culture de chacun et vivre en paix ». (Peuple Kariri-Xoco, Brésil). 

Comment trouver la force de continuer, de se battre, de garde espoir ? 

« Avec quelle force ? l’Amour. Car c’est la plus belle chose qui existe à l’intérieur de chacun de nous. C’est nous qui construisons l’amour : l’amour véritable, l’amour sincère. » (Peuple Kariri-Xoco, Brésil). 

foret lune

 

Si ces mots vous touchent, rendez-vous sur le site de l’Alliance des Gardiens de Mère Nature, pour lire la Déclaration de l’Alliance des Gardiens et des Enfants de la Terre Mère, et peut-être prendre part à ce mouvement.

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