Connaitre les médicinales

Romarin : l’eau et le vin

Le romarin est une plante médicinale incontournable. Ses vertus sont nombreuses et variées. On peut bien sûr le prendre en tisane, ou en teinture-mère. On peut aussi profiter de ses bienfaits sous forme d’ « eau » … ou de vin. 

  • Le romarin, médicinale provençale

Le romarin peut pousser en montagne, mais c’est dans le bassin méditerranéen qu’il s’épanouit pleinement et qu’il est très riche en principes actifs : huile essentielle, flavonoïdes et autres substances anti-oxydantes (acides phénols, diterpènes), du camphre, du cinéole, de la verbénone, selon son origine géographique. 

Il fait partie de la grande famille odorante des Lamiacées (auparavant nommées Labiées), avec le thym, la sarriette, la sauge ou encore l’hysope et l’origan.

  • « C’est bon pour le foie »

Cette plante est utilisée pour son action bénéfique sur le foie depuis des siècles. Les anciens avaient coutume de dire que le romarin, « c’est bon pour le foie » (1).

Le romarin est bien connu comme stimulant de la sphère digestive, puisqu’il favorise le travail du foie tout le le protégeant, accroit la sécrétion de la bile et facilite son évacuation (cholérétique et cholagogue). Il est très utilisé comme épice dans la cuisine puisque qu’il «met de la chaleur » dans l’alimentation, facilitant ainsi la digestion. 

Il est par conséquent à inclure dans les cures dépuratives. 

Du fait de son action sur le foie, le romarin contribue à la belle santé de la peau, tant à l’adolescence qu’à la ménopause (quand les variations hormonales peuvent fatiguer le foie), ou quand la surcharge hépatique se manifeste par des éruptions cutanées. 

  • Stimulante et antispasmodique

Le romarin est une plante stimulante, recommandée en cas de fatigue physique et intellectuelle, de convalescence. Cette indication est connue depuis longtemps, les anciens utilisant le romarin en tisane ou en vin pour se fortifier. 

C’est aussi une plante antispasmodique, employée notamment pour calmer la toux. 

  • L’eau de romarin

– Bien sûr, l’infusion de romarin peut être considérée comme une eau de romarin. Une cuillère à soupe de plante suffit pour un litre d’eau, infusée pendant une dizaine de minutes. 

– L’hydrolat de romarin, issue de la distillation de la plante, est aussi nommée « eau de romarin». 

Au cours du processus de distillation, de l’eau est chauffée pour être transformée en vapeur d’eau, qui entraine les molécules aromatiques de la plante dans le serpentin de l’alambic, où tout est refroidi. Sont issus de ce procédé l’huile essentielle, contenant les molécules solubles dans l’huile, et l’hydrolat, riches des molécules solubles dans l’eau. 

L’hydrolat est un formidable remède. Selon Claire Montesinos, spécialiste des hydrolats, « un hydrolat est une dilution au millième de l’huile essentielle, ce qui lui permet une action en douceur, et sans contre-indications sur les organes internes du corps, ainsi que sur la peau » (2).

On trouvera ainsi autant de variétés d’hydrolats que de chémotypes de romarin : camphré, à cinéole, à verbénone (romarin typique de la Corse). 

Les hydrolats de romarin à cinéole et de romarin à verbénone sont indiqués en cas de fatigue physique, intellectuelle, ou émotionnelle. Ils sont surtout une aide efficace pour soulager le travail du foie (notamment en cas de migraine d’origine hépatique) et de tout le système digestif. 

L’hydrolat de romarin est précieux pour les cures dépuratives. 

Précieux par son efficacité, mais aussi par sa facilité d’utilisation :

Une cuillère à soupe d’hydrolat dans un litre d’eau, à emporter avec soi et à boire tout au long de la journée, en cure de 21 jours, à renouveler éventuellement, après une pause. 

De tels hydrolats se trouvent dans les herboristeries, dans certaines épiceries bio, ou tout simplement directement chez un producteur. 

  • Vin médicinal

Dans son « De vinis » de la fin du XIIIe , Arnaud de Villeneuve, maître de la préparation des vins médicinaux et médecin des Papes de Rome et d’Avignon, détaille les nombreuses vertus du vin de romarin. Il souligne l’effet stimulant, sur le corps en général et sur le système digestif en particulier : «Ce vin est conseillé contre la fièvre quotidienne, la léthargie, la fièvre quatre. Il est utile pour les souffrances cardiaques, la nausée, les dysenteries et les écoulements » (3). 

Pour préparer un vin de romarin, qui sera à consommer en petites quantités (petit clin d’oeil à Claude et à Patrick, amateurs éclairés du vin de romarin):

Faire macérer une poignée de feuilles et éventuellement fleurs de romarin dans un litre de vin de bonne qualité, pendant 4 à 7 jours, puis filtrer. 

La consommation quotidienne est au maximum d’une cuillère à café par jour, diluée. 

  • Eau de la reine de Hongrie

Dans son indispensable « Livre des bonnes herbes » (4), Pierre Lieutaghi décrit l’”élixir » préparée par la reine de Hongrie au XVIème siècle afin de conserver sa santé et sa jeunesse. Il s’agit une préparation issue d’une macération puis d’une distillation de fleurs de romarin (avec éventuellement d’autres fleurs de la même famille des Lamiacées). Un élixir qui mixte l’eau et le vin. 

  • Précautions indispensables

Comme les anciens en avaient l’habitude, la consommation de romarin se fait en cures, de manière intermittente, et à doses modérées. 

Son usage est à éviter pendant la grossesse, ainsi qu’en cas d’irritations de l’intestin (inflammation). 

 

Références :

(1). Magali Amir, « Les cueillettes de confiance», éditions Les Alpes de Lumière, Parc naturel régional du Lubéron – enquête ethnobotanique dans le Lubéron.

(2). Claire Montesinos, « Eaux florales et hydrolats », Editions Solaure.

(3). “De Vinis”, Maître Arnaud de Villeneuve

(4). “Le livre des bonnes herbes”, Pierre Lieutaghi, Editions Actes Sud.

Partager